• L’histoire de Job – Deuxième partie


    L’histoire de Job – Deuxième partie

    Ayoub (le Prophète Job) est l’arrière petit-fils d’Iss’hac (le Prophète Isaac), Ibrahim (le Prophète Abraham) est son arrière-grand-père, Allah (Exalté et Glorifié soit-Il) dit –ce qui peut être traduit comme : « et parmi la descendance (d’Abraham) (ou de Noé), David, Salomon, Job, Joseph, Moïse et Aaron. », (TSC[i], Al-‘An’âam ‘Les Bestiaux’ : 84) il est l’un des prophètes des enfants d’Israël, car Ibrahim a engendré Ismaël et Iss’hac, tous les prophètes des enfants d’Israël, sont de la descendance d’Iss’hac, sauf notre Prophète Mohammed, qui, lui est de la descendance d’Ismaël, les enfants d’Israël vivaient tellement dans la corruption qu’à chaque fois que disparaissait un prophète, il en apparaissait un autre.

    L’histoire de chaque prophète apporte aux gens une moralité spécifique, celle de Younouss (Jonas) est qu’il ne faut jamais désespérer de notre appel à Allah ! Celle de Solaïman (Salomon) est qu’Allah est capable de soumettre l’univers aux fils d’Adam et que ces derniers peuvent l’utiliser dans l’obéissance d’Allah, celle de Dawud (David) est que la terre glorifiait Allah avec lui, et celle de Ayoub est la foi des endurants.

    Ayoub est un prophète envoyé à un peuple de Mésopotamie dont la majorité étaient des croyants, et ils l’aimaient. Allah l’a comblé de faveurs considérables qui n’ont été données à personne auparavant, il resta ainsi pendant cinquante années. L’une des épreuves les plus dures à supporter est l’avilissement d’une personne puissante.

    J’adresse cette histoire aujourd’hui à deux catégories de personnes : la première catégorie est celle de gens frappés de malheurs, à l’homme dont le père est malade, à celui qui est pauvre et qui vit dans le besoin, à la femme dont le mari est malade, à celle qui a perdu un fils, etc. La deuxième catégorie est celle de gens dotés de beaucoup de faveurs mais qui n’en ressentent pas la valeur et ne sont pas conscients de l’éventualité de les perdre.

    Voyez les faveurs dont disposait Ayoub : de l’argent, des terres incomptables d’orge et de blé, des centaines d’esclaves, une belle femme pieuse, une force physique, quatorze enfants, une foi et un entourage pieux, des amis innombrables, du bétail, des chevaux et des bêtes, et ce durant cinquante années.

    Allah (Exalté et Glorifié soit-Il) voulut l’éprouver, Il lui ôta son argent, et ses terres devinrent improductives, ses quatorze fils et filles moururent, il perdit tous son bétail et son argent, il se mit à vendre ses esclaves pour se nourrir de leur prix, puis Allah l’éprouva par une maladie physique qui le rendit infirme, il devint incapable de bouger, ses amis crurent que sa maladie était contagieuse et le quittèrent, seuls lui restèrent fidèles sa femme et deux de ses amis.

     Allah (Exalté et Glorifié soit-Il) dit –ce qui peut être traduit comme : « Quant à l’homme, lorsque son Seigneur l’éprouve en l’honorant et en le comblant de bienfaits, il dit: «Mon Seigneur m’a honoré». Mais par contre, quand Il l’éprouve en lui restreignant sa subsistance, il dit: «Mon Seigneur m’a avili». Mais non! C’est vous plutôt, qui n’êtes pas généreux envers les orphelins; qui ne vous incitez pas mutuellement à nourrir le pauvre, qui dévorez l’héritage avec une avidité vorace, et aimez les richesses d’un amour sans bornes. Prenez garde! Quand la terre sera complètement pulvérisée,  et que ton Seigneur viendra ainsi que les Anges, rang par rang, et que ce jour-là, on amènera l’Enfer ; ce jour-là, l’homme se rappellera. Mais à quoi lui servira de se souvenir? » (TSC, Al-Fajr ‘l’Aube’ : 15-23).

    L’aisance et l'affliction sont toutes les deux des épreuves d’Allah (Exalté et Glorifié soit-Il), ne t’incline pas vers la vie d’ici-bas et ne te sens pas à l’abri du stratagème d’Allah, car Il veut que tu saches qu’elle ne vaut rien donc ne la mets pas dans ton cœur, mais travaille pour ta vie d’ici-bas parce que tu es musulman.

    La femme d’Ayoub commença à le nourrir et à le prendre en charge. Lorsque ses ressources s’épuisèrent, elle se mit à vendre ses services aux gens, et l’épreuve continua dix-huit ans durant.

    Allah créa l’Univers en six jours pour nous montrer que tout obéit au principe de la patience et de l’évolution, que tout vient à achèvement par la patience, l’appel vers Allah, la veillée pour la prière, le hijab, et que tout manque n’est que le fruit d’une absence de patience, de l’adultère, du vol…

    La patience est l’essence même de la religion, la preuve en est l’histoire du prophète Ayoub qui relate plutôt la patience que la prophétie. La seule moralité qui a été citée 90 fois dans le coran est la patience, accompagnées d’allusions optimistes. « Et fais la bonne annonce aux endurants » (TSC, Al-Baqara ‘La Vache’ : 155),  « les endurants auront leur pleine récompense sans compter » (TSC, Az-zumar ‘les groupes’ : 10) et j’ai été témoin de l’effet magique de ce dernier verset.

    J’ai vu un jeune homme venir demander conseil à un cheikh, parce qu’il s’était mis à éprouver une haine féroce à l’encontre de son épouse, il voulait la répudier mais craignait de commettre une injustice, alors le cheikh lui récita le verset, puis je le rencontrai un mois plus tard et l’interrogeai, il me dit : « je me suis proposé deux choix, soit je patiente et endure et j’entre au paradis sans compter, soit je m’incline à la vie et répudie mon épouse, alors j’ai opté pour le premier choix, par Allah je ne peux plus me passer d’elle aujourd’hui .» Et ceci est dû au fait qu’il ait patienté, donc Allah lui a donné le bonheur ici-bas également en mettant de l’amour envers son épouse dans son cœur.

    « Et cherchez secours dans l’endurance et la Salāt (la prière) : certes, la Salāt est une lourde obligation, sauf pour les humbles. » (TSC, Al-Baqara ‘La Vache’ : 45),  et dans un autre verset : « La fin heureuse sera aux pieux. » (TSC, Hoûd : 49). Le Prophète (BP sur lui) a dit : « Et sache que la victoire est avec la patience », Allah dit au Prophète –ce qui peut être traduit comme : « Endure avec patience la sentence de ton Seigneur, et ne sois pas comme l’homme au Poisson [Jonas] » (TSC, Al-Qalam ‘La Plume’ : 48). Un autre verset : « En effet, Nous avons auparavant fait une recommandation à Adam; mais il oublia; et Nous n’avons pas trouvé chez lui de résolution ferme. » (TSC, Tâ-Hâ : 115). Un autre verset incite les musulmans : « Ô les croyants! Soyez endurants. Incitez-vous à l’endurance. Luttez constamment (contre l’ennemi) ! » (TSC, ‘Äl-Imrân ‘La Famille d’Imran’ : 200).

    Et s’il n’y avait de charme à la patience à part le fait qu’elle soit l’un des Noms d’Allah Le Très-Haut (As-Sabour, Le Patient, le Très-Constant, qui recule la punition des pécheurs), ceci aurait suffit.

    Le Prophète (BP sur lui) dit : « Aucun serviteur (d’Allah) n’a obtenu de don plus vaste ni meilleur que la patience. ».

    Dix-huit ans plus tard, la femme du prophète Ayoub commença à s’épuiser, elle lui demanda : « n’es-tu pas un prophète envoyé d’Allah ? » il répondit par l’affirmative, elle lui dit : « et pourquoi donc n’invoques-tu pas Allah ? », il lui dit : « combien avons-nous passé d’années à l’épreuve ? », elle répondit : « dix-huit ans », il dit : « et durant combien d’années Allah nous a-il donné ses faveurs ? », elle répondit : « cinquante ans », il dit : « Allah nous a couvert de ses faveurs durant cinquante ans, ne devrions-nous pas patienter et endurer tout autant ? Par Allah je ne L’invoquerai qu’après que soit passé autant de temps en épreuve qu’il s’en est écoulé en bonheur ! ». Et il n’invoquait que par ces mots : « Louange à Allah ».

    Ceci nous rappelle le jour où le Prophète Mohammed (BP sur lui) perdit son fils Ibrahim, il invoqua Son Seigneur de nuit en Lui disant : « je viens à Toi et me satisfais de Toi, tout le bien est entre Tes Mains et aucun mal n’est à T’attribuer, je viens à Toi et me satisfais de Toi. »

    La femme du prophète Ayoub se mit en colère et dit : « je jure que tu dois invoquer Allah, jusqu’à quand devrions-nous supporter cette épreuve », il lui répondit : « Malheur à toi, mettrais-tu en colère Allah, Puissance et Majesté à Lui ?! Si je me remets de ma maladie, je jure que je te frapperais cent coups ! ».

    Puis les gens se mirent à refuser d’employer sa femme de peur qu’elle ne soit contagieuse.

    Nous tenons tout ceci des hadiths du Prophète (BP sur lui) : « Certes le prophète d’Allah Ayoub est demeuré éprouvé durant dix-huit ans, il fut repoussé de son entourage proche et moins proche, sauf deux hommes de ses frères, l’un d’eux dit un jour à l’autre : « par Allah, je vois que Ayoub a commis un péché à l’encontre d’Allah Puissance et Majesté à Lui qui ne le lui a jamais pardonné», l’autre lui dit : « pourquoi donc ? », il lui répondit : « ne vois-tu pas comme il est éprouvé, et qu’Allah ne lui a pas fait miséricorde ? », ils allèrent vers Ayoub, entrèrent chez lui et le second dit : « sais-tu ce que celui-ci a dit ? Il a dit que tu as commis un grand péché à l’encontre d’Allah, Puissance et Majesté à Lui qu’Il ne t’a jamais pardonné. » Ayoub leur répondit : « je ne sais rien à propos de ce que vous dites, je sais toutefois que je passais près de deux hommes qui se querellaient et je retournais chez moi et priais Allah pour qu’ils se réconcilient et je faisais l’aumône à leur intention afin qu’Allah ne soit point désobéi sur terre », et il sombra dans la tristesse ».

    Il se passa qu’une fois sa femme lui avait apporté une nourriture consistante, et il demanda : « d’où provient cette nourriture ? » mais elle garda le silence, il insista en vain, il insista encore, alors il apprit qu’elle s’était coupé les cheveux et les avait vendus pour acheter de quoi nourrir Ayoub.

    Quand il apprit cela, il s’émeut et se sentit obligé d’invoquer Allah –ce qui peut être traduit comme : « Et Job, quand il implora son Seigneur : «Le mal m’a touché. Mais Toi, tu es le plus miséricordieux des miséricordieux» (TSC, Al-‘Anbiyâ’ ‘Les Prophètes’ : 83), et il n’attribua jamais le mal à Allah : « Le Diable m’a infligé détresse et souffrance». (TSC, Sâd : 41).

    Allah (Exalté et Glorifié soit-Il) dit –ce qui peut être traduit comme : « Nous l’exauçâmes, enlevâmes le mal qu’il avait. » (TSC, Al-‘Anbiyâ’ ‘Les Prophètes’ : 84), Il dit aussi –ce qui peut être traduit comme : « Frappe [la terre] de ton pied: voici une eau fraîche pour te laver et voici de quoi boire. » (TSC, Sâd : 42). Et là nous relevons la nécessité d’agir et de faire intervenir nos moyens pour atteindre les objectifs. Allah fit exploser une source sous les pieds du prophète Ayoub.

    « Une eau fraîche » allait le purifier de toutes les maladies de l’extérieur, et « de quoi boire » allait le guérir de tous les maux de l’intérieur.

    Le Prophète (BP sur lui) dit : « Lorsque Ayoub allait faire ses besoins, il avait l’habitude d’être soutenu par sa femme […], et il se cachait pudiquement d’elle, puis elle le prenait par la main et le raccompagnait. Un jour, il mit beaucoup de temps. Puis il revint vers sa femme mieux que ce qu’il n’était auparavant, elle lui dit : « qu’Allah te bénisse! N’as-tu pas vu le prophète éprouvé ? Par Allah je n’ai jamais vu quelqu’un lui ressembler, avant son épreuve, plus que toi ! » Il lui dit : « Ne me reconnais-tu pas ? » Elle répondit : « Non », il lui dit : « Eh bien c’est moi, je suis Ayoub. »

    Allah dit –ce qui peut être traduit comme : « Et que c’est Lui qui a fait rire et qui a fait pleurer, et que c’est Lui qui a fait mourir et qui a ramené à la vie ». (TSC, An-Najm ‘L’étoile’ : 43-44).

    Les faveurs dont il jouissait auparavant lui furent rendues, le Prophète (BP sur lui)  dit : « Allah envoya deux nuages sur ses terres, un nuage passa sur la terre où poussait le blé, il en plut de l’or jusqu’à ce que le pré en sois rempli, l’autre nuage passa sur le pré d’orge et il en plut une averse et Allah le rendit riche. »

    Allah (Exalté et Glorifié soit-Il) dit –ce qui peut être traduit comme : «Et Nous lui rendîmes sa famille et la fîmes deux fois plus nombreuse » (TSC, Sâd : 43), sa femme redevint jeune et donna naissance à vingt-six garçons et filles, comme si Allah lui disait qu’il n’avait pas été éprouvé et que tout lui fut rendu et plus.

    Et le plus étrange dans tout cela, c’est que le Prophète (BP sur lui) dit : « alors que Ayoub se lavait nu, Allah envoya un troupeau de criquets qui lui tomba dessus, c’était des criquets en or, il se mit à en enfouir dans ses habits, Allah (Exalté et Glorifié soit-Il) lui dit –ce qui peut être traduit comme : « Ô Ayoub, ne t’ai-je pas donné de quoi te passer de ce qui est sous tes yeux ? » il répondit : « si Mon Seigneur, mais je ne peux me passer de Ta Bénédiction. » »

    Allah (Exalté et Glorifié soit-Il) dit –ce qui peut être traduit comme : «Oui, Nous l’avons trouvé vraiment endurant. Quel bon serviteur! Sans cesse il se repentait. » (TSC, Sâd : 44).


    [i] TSC: Traduction des Sens du Coran. Cette traduction est celle du sens courant le plus connu jusqu’à présent de la sourate sus-mentionnée. Lire la TSC ne remplace nullement sa lecture en arabe, la langue de révélation du saint Coran.

     

     


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  • L'histoire de Job 'Alayhi essalam Première partie

    L’histoire de Job – Première partie

    Que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient sur vous, que la prière et le salut soient sur Le Messager, Louange à Allah, nous recourons à Lui et nous Lui demandons de nous guider, nous pardonner, et nous préserver de nos mauvaises actions. Celui à qui Allah montre le bon chemin est guidé et celui qui s'égare n'a ni maître ni conseiller.

    Le concept de patience 

    Je reprends certains enseignements de l’histoire du prophète Yoûnous (Jonas) que nous avons vue dans l’épisode précédent (Yoûnous et la patience durant l’appel vers Allah), puis j’entamerai l’histoire du prophète Ayoub (Job) et la patience durant l’épreuve, puisque le sujet d’aujourd’hui est la patience de manière générale.

    Voici donc un bref résumé du parcours du prophète Yoûnous : Yoûnous  est le fils de Matta (Amittaï), d’autres appellations lui sont données au Coran : Ḏū’n-Nūn et l’homme au poisson. Allah (Exalté soit-Il) l’a envoyé à un village appelé Ninouat (Ninive), d’après le Hadith du Prophète (BP sur lui), lorsqu’il rencontra un garçon appelé Addas et lui dit « de quel pays es-tu Addas ? », il répondit « de Ninouat », Le Prophète dit alors : « du pays de l’homme vertueux Yoûnous fils de Matta », Addas dit : « Et d’où est-ce que tu connais Yoûnous fils de Matta ? », Le Prophète répondit : « C’est mon frère, il était prophète et je suis prophète ».

    Ninouat était un village riche habité par plus de cent mille habitants, ces derniers adoraient des idoles, ils étaient rebelles et débauchés. Allah a chargé Yoûnous de les appeler à Lui, cet appel est sous-entendu, puisque quiconque a été guidé par Allah vers le droit chemin est responsable de l’appel des gens qui l’entourent. Le musulman ne se contente pas de prier et de jeûner, car Allah nous demandera, le Jour du Jugement Dernier, pourquoi n’avons-nous pas appelé à Lui à l’endroit où Il nous a affectés.

    Yoûnous appela les gens du village, ils refusèrent de répondre à son appel, Allah (Gloire à Lui) lui a révélé de les prévenir que Son châtiment allait s’abattre sur eux dans les trois jours qui suivaient et lui a ordonné de rester avec eux. Yoûnous leur transmit le message mais ils s’obstinèrent dans leur refus. Alors il se mit en colère, et décida de quitter le village même si Allah ne le lui avait pas ordonné.

    Et là, je tiens à adresser à chacun ce verset –ce qui peut être traduit comme : « Vous êtes la meilleure communauté, qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah …» (TSC[i], ‘Âl-‘Imrân ‘La Famille d’Imran’ : 110). Remarquez le classement, la croyance en Allah est venue après la recommandation du convenable et l’interdiction du blâmable. Et ce, pour que l’on ne pense pas que tant que la foi n’est pas à son comble, on ne peut pas ordonner le convenable, et interdire le blâmable. Au contraire, on est appelé à ordonner le convenable et interdire le blâmable tout en parachevant sa croyance, et donc il faut qu’il y ait un parallélisme entre les deux actions, l’une n’allant pas sans l’autre, parce qu’en recommandant à son ami de baisser son regard par exemple, on se sentira gêné de ne pas faire de même, et forcément on se soumettra à cette recommandation.

    Je suis conscient que certains diront que c’est illicite, car le verset dit  –ce qui peut être traduit comme : « Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous-mêmes de le faire… » (TSC, Al-Baqara ‘La Vache’ : 44), je réponds qu’on peut ordonner le bien tout en ne le faisant pas, mais à condition, tout en faisant cet appel, d’avoir l’intention de s’y soumettre soi-même, et la démarche se transforme en moyen de s’auto-corriger. L’appel vers Allah doit être l’axe principal dans la vie de chaque musulman.

    « Et Dū’n-Nūn (Jonas) quand il partit, irrité. Il pensa que Nous N’allions pas l’éprouver… » (TSC, Al-‘Anbiyâ’ ‘Les Prophètes’ : 87). Et « éprouver » ici signifie que Saydouna Yoûnous pensait qu’Allah n’allait pas le blâmer alors qu’il était pieux et les villageois étaient impies. Et là j’avertis les musulmans de ne jamais insulter un pervers par sa perversion.

    Dans le hadith rapporté par At-Tirmithy, Le Prophète que (BP sur lui) dit : « Celui qui insulte son frère par son péché, risque de le voir abandonner son péché, et de le faire lui-même », sauf si l’intention est de guider l’autre vers la bonne voie, sinon, si l’intention est de se moquer, il est impératif de ne pas faire de reproches.

    Une brume noire s’empara du village, les gens la virent et dirent : « voilà ce que nous a promis Yoûnous, voilà ce qui est arrivé au peuple de Lot et de Saleh. » C’est pour cette raison que Le Prophète (BP sur lui), se rappelant cet épisode à chaque fois qu’il voyait des changements de climat, disait « Ô Allah épargne-nous » et il invoquait Le Seigneur.

    Nous pensons qu’Allah nous épargnera, mais nous devons craindre la colère du Tout Puissant à chaque fois que surviennent pareils changements. 

    Puis les villageois commencèrent à se repentir et à attester qu’il n’y a de Dieu que Lui, la brume se dissipa et tout le village retrouva sa quiétude. Mais Yoûnous irrité, était déjà parti. Allah dit –ce qui peut être traduit comme : « Quand il s’enfuit vers le bateau comble, Il prit part au tirage au sort qui le désigna pour être jeté [à la mer]. Le poisson l’avala alors qu’il était blâmable » (TSC, As-Sâffât ‘Les Rangés’ : 140-142). Alors ils larguèrent les charges du bateau, Yoûnous se dit qu’il devait y avoir un sujet qui s’était enfuit de la face d’Allah Le Transcendant Le Glorieux, et contre lequel Il était en colère, et il ne sut pas que c’était de lui qu’il s’agissait. On peut donc pécher sans s’en rendre compte, notamment en  délaissant l’appel vers Allah Le Transcendant Le Glorieux.

    Et voyez comme le poisson, un des sujets d’Allah – alors que nous Lui désobéissons – a rejeté Yoûnous dans les ténèbres, le hadith dit : « Allah lui fit entendre les créatures en train de glorifier Allah, elles lui ont inspiré de Le glorifier ».

    Il en arriva de même à Saydouna Adam, lorsqu’il mangea de l’arbre, il ne connaissait pas le repentir, le verset dit –ce qui peut être traduit comme : « Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Allah agréa son repentir car c’est Lui certes, le Repentant, le Miséricordieux. » (TSC, Al-Baqara ‘La Vache’ : 37). Dieu lui a insufflé de dire tel et tel mot pour qu’Il lui pardonne et il en fut ainsi.  

    Lorsque Allah t’éprouve, Il te fait don de la solution parce qu’Il t’aime mais parfois tu ne la vois pas. Car Allah ne t’éprouve qu’en accompagnant l’épreuve d’une miséricorde, mais Satan t’empêche de voir cette miséricorde et tu ne vois que l’épreuve et percevoir la miséricorde est conditionné par une relation antérieure solide avec Allah.

    « …Puis il fit, dans les ténèbres, l’appel que voici: «Pas de divinité à part Toi! Pureté à Toi! J’ai été vraiment du nombre des injustes». Nous l’exauçâmes et le sauvâmes de son angoisse. Et c’est ainsi que Nous sauvons les croyants. » (TSC, Al-‘Anbiyâ’ ‘Les Prophètes’ : 87-88). Si ce n’est la reconnaissance de son injustice, Allah Le Transcendant Le Glorieux ne l’aurait pas sauvé. Dès qu’on fait cette invocation, la réponse nous parvient, elle nous protège de l’angoisse, à tel point que les oulémas ont affirmé que c’est Le Majestueux Nom d’Allah par lequel Il répond, je vous la recommande donc vivement. 

    Nous ne venons pas ici pour prendre des tranquillisants parce que nous avons des problèmes, mais pour construire une génération proche d’Allah.

    Je vous redonne la recette une autre fois : réveille-toi vingt minutes avant l’aube pour prier deux Rak’at, tout en tenant Le Saint Coran, lis ce que tu as l’habitude de lire quotidiennement (le wird), arrête-toi cinq minutes avant l’aube, assieds-toi pour dire les invocations du matin puis fais la prière de l’aube et rendors-toi. Ceci est susceptible d’affermir ta journée et te dispensera de toute autre pratique cultuelle à part la prière en groupe et la prière en son temps, applique ceci afin de vivre un revirement ne serait-ce que de 10%.

    La peau de Saydouna Yoûnous commença à tomber alors qu’il continuait à faire des invocations, Allah donna Son ordre au poisson, Il dit –ce qui peut être traduit comme : « Nous le jetâmes sur la terre nue, indisposé qu’il était. Et Nous fîmes pousser au-dessus de lui un plant de courge » (TSC, As-Sâffât ‘Les Rangés’ : 146-147), et là nous percevons l’amour d’Allah pour Yoûnous, du fait qu’Il lui fit pousser un plant de courge sachant que les branches de celui-ci sont grandes, qu’il empêche les insectes de s’emparer de ce qui se trouve en dessous, et qu’on peut s’en nourrir cru.

    Saydouna Yoûnous était entrain de guérir mais ne le savait pas. Lorsque l’arbre devint sec, il pleura, et Allah Le Transcendant Le Glorieux lui révéla : « Tu pleures parce que l’arbre a séché et tu ne pleures pas de l’égarement de cent mille personnes ou plus ? »

    Que diras-tu si Allah te fait ce reproche le Jour du Jugement Dernier ?

    Puis Saydouna Yoûnous revint vers les cent mille personnes et ils devinrent tous musulmans. Ce fut l’histoire de Saydouna Yoûnous dont l’enseignement est : Ne désespère pas de ton appel à Allah !

    Il nous reste certains éléments sur lesquels nous aimerions méditer : voyons la différence entre Saydouna Moussa (Le Prophète Moïse) et Saydouna Yoûnous. 

    Combien de fois Moussa a-t-il commis des erreurs ? Plusieurs : Il a jeté les tablettes écrites par les mains d’Allah lorsqu’il apprit que son peuple avait adoré le veau et elles se cassèrent, il prit violemment la main et le menton d’un prophète bien qu’il soit son frère « …Ô fils de ma mère, ne me prends ni par la barbe ni par la tête… » (TSC, Tâ-Hâ : 94), il tua un homme dans un moment de colère malgré que c’était par erreur, et avec tout cela, Allah l’aime, l’honore et lui consacre un rang qui n’a été atteint par personne auparavant, Il en fait Son interlocuteur et lui dit –ce qui peut être traduit comme : « …Ô Moïse, Je t’ai préféré à tous les hommes, par Mes messages et par Ma parole... » (TSC, Al-‘A’râf : 144), Yoûnous, cependant, n’a désobéi Allah qu’une seule fois, mais Il ne le lui pardonna pas comme à Moussa et Il l’emprisonna dans le ventre du poisson.

    Pourquoi donc ? Allah préférerait-Il une personne à une autre ? Allah est supérieur à cela, Notre Seigneur est juste, mais si tu disposes d’un long solde de bonnes œuvres, et que tu commets six ou sept erreurs, le solde peut effacer les mauvaises actions. Car Saydouna Moussa s’est opposé à pharaon seul, et il a affronté le désert seul, ses erreurs en sont devenues comme un point noir dans une page blanche, alors que Saydouna Yoûnous n’avait pas autant de bonnes actions qu’en avait Saydouna Moussa. Mais encore, Saydouna Yoûnous ne serait pas sorti du ventre du poisson si ce n’est une bonne œuvre faite au préalable, Allah dit –ce qui peut être traduit comme : « S’il n’avait pas été parmi ceux qui glorifient Allah, il serait demeuré dans son ventre jusqu’au jour où l’on sera ressuscité. » (TSC, As-Sâffât ‘Les Rangés’ :  143-144).

    Pharaon, quant à lui, n’avait aucune bonne œuvre antérieure, ainsi lorsqu’il se noyait, il dit –ce qui peut être traduit comme : «…Je crois qu’il n’y a d’autre divinité que Celui en qui ont cru les enfants d’Israël. Et je suis du nombre des soumis» (TSC, Yoûnous ‘Jonas’ : 90). Allah lui dit alors –ce qui peut être traduit comme : « …Maintenant? Alors qu’auparavant tu as désobéi et que tu as été du nombre des corrupteurs! » (TSC, Yoûnous ‘Jonas’ : 91).

    Et là toute l’importance d’avoir un capital de bonnes œuvres, même en n’ayant commis qu’une seule erreur - et il est possible qu’on en ait commis plusieurs - mais on disposerait de grandes réalisations, et celui qui connaît Allah durant le bonheur, Allah le connaît durant le malheur (si le malheur intervient). Nul ne connaît le moment où survient la tentation. Donc dès que tu as du temps, multiplie tes pratiques religieuses et constitue un solde auprès d’Allah.

    A l’image des trois hommes qui sortirent de la grotte après que la sortie de cette dernière se fut fermée derrière eux, pourquoi sont-ils donc sortis ? Ils sont sortis parce que chacun d’entre eux s’est rappelé une bonne action qu’il avait faite du temps de son dévouement.

    Le Prophète (BP sur lui) dit : « Un croyant ne se rassasie pas en bien jusqu’à ce que son aboutissement soit le Paradis. ». Retire donc des leçons à partir de l’expérience de Saydouna Yoûnous, appréhende le sort de Pharaon et réjouis-toi de l’expérience de Saydouna Moussa.

    La question qui se pose maintenant est : Le rang de Saydouna Yoûnous s’est-il altéré suite à son erreur ? Et celui qui commet un péché puis se repent, retrouve-il le rang qu’il occupait auparavant ? Les oulémas ont des avis différents à ce propos, le groupe ayant soutenu qu’il retrouve son ancien rang soumet pour argument le fait que le repentir est l’une des meilleures bonnes actions auprès d’Allah Le Tout Puissant, qu’Il n’est satisfait de rien autant que du repentir, et que ce dernier élève l’individu à un rang propre au retour. Le second groupe s’opposant à cet argument soutient qu’à titre d’exemple, lorsque deux personnes marchent côte à côte, et que l’une d’elles s’arrête, même en rattrapant l’autre, elle ne peut récupérer le temps perdu.

    Mais cette divergence est tranchée par le degré du repentir, car il y a parmi vous celui qui commet le péché mais ne revient pas au rang qu’il avait auparavant parce que son repentir est faible, et celui qui a un repentir tellement fort qu’il en retrouve son ancien rang, et enfin celui dont la culpabilité est telle que son repentir devance son péché.  

    Ainsi trouverons-nous un repentant dépassant le rang d’un homme ayant obéi durant des années. N’est-ce pas une religion magnifique ? Par la force d’un repentir sincère, tu atteins un rang élevé chez Allah, et en arabe, le terme qui accompagne le repentir dans le coran (Sourate At-Tahrim ‘l’Interdiction’ : 8) renvoie au terme « conseil », car il est supposé tellement fort qu’il est assimilé aux conseils prodigués par un être humain. Plus ce repentir est fort, plus il t’empêchera même de commettre le péché.

    Parmi les raisons pour lesquelles Allah fait que Ses sujets commettent des péchés, on trouve Son intention de leur faire goûter les délices de la croyance. Même les prophètes ont commis des erreurs et non des péchés, parce qu’Allah les en a préservés, c’est un classement des priorités, comme pour le cas de Saydouna Yoûnous. Il était parti appeler d’autres gens à Allah en délaissant les premiers. Pourquoi donc Allah ne les en a donc pas préservés ? C’est en vue de leur faire goûter cette belle estimation, car le culte du repentir est favorablement apprécié par Allah Le Tout Puissant, et parce qu’il s’accompagne d’une soumission et d’une humilité dans le cœur. Rappelons l’invocation dite «maître de la demande du pardon » parce qu’elle comporte un élément de soumission : « Je reviens vers Toi par le bienfait dont Tu m’as doté, je reviens vers Toi par le péché que j’ai commis, pardonne-moi donc, car nul ne pardonne les péchés à part Toi ».

    Si nous ne péchions pas, que ferions-nous donc du Nom d’Allah At-Tawwab (Celui qui ne cesse d'accueillir le repentir sincère de Ses adorateurs et qui leur accorde Son Pardon). Le Prophète (BP sur lui) dit : « Que nul ne dise : « Je suis mieux que Yoûnous le fils de Matta » parce qu’il s’est lui-même devancé avant le repentir ». 

    Saydouna Daoud (David) a une fois demandé à Allah : « Où Te trouverai-je ? » Allah Le Tout Puissant a répondu : « Chez ceux dont les cœurs sont soumis à Moi ».

    On dit qu’un adorateur tournait autour de la Ka’ba en disant : « Ô Allah préserve-moi pour que jamais je ne Te désobéisse ». Il s’assit et dormit, et là il rêva que quelqu’un l’appelait par son prénom et lui disait : « Tu demandes à être préservé, et tous Mes sujets croyants demandent à être préservés, et si Je vous préserve, qui donc ferai-Je profiter de Ma miséricorde et Mon indulgence alors que Je suis Le Repentant, Le Miséricordieux ? ».

    Il est dit par ailleurs qu’Adam, lorsqu’il mangea de l’arbre, se mit à pleurer même après son repentir, alors Allah Le Tout Puissant lui dit –ce qui peut être traduit comme : « Ô Adam, Je t’ai éprouvé par le péché parce que J’aime à te montrer Ma Générosité, Ma Miséricorde, Ma Clémence et Ma Largesse, Ô Adam, tu entrais comme le font les rois chez les rois, et maintenant après le péché tu entres comme un esclave chez les rois, et ceci Nous est préférable, Ô Adam ne t’effraie pas à mon ordre d’en sortir (du paradis) car je l’ai créé pour toi, mais descends sur terre et fournis l’effort de M’aimer, jusqu’à ce que Je te manque, et là viens vers Moi, Je te ferai entrer au paradis. Ô Adam, un péché par lequel tu Nous invoques Nous est préférable à une obéissance ostentatoire. Ô Adam, le gémissement des pécheurs Nous est préférable aux louanges de ceux qui se font voir. Ô Adam, si Je te préserve contre les péchés et préserve tes fils, qui donc ferai-Je profiter de Ma Largesse, Ma Miséricorde et Mon Indulgence alors que Je suis Le Repentant, Le Miséricordieux. Ô fils d’Adam, si tu Me pries et Me supplies, Je te pardonne tout ce que tu portes comme péchés, et Je n’y prête pas attention ô fils d’Adam, même s’ils atteignent les nuages du ciel, puis si tu Me demandes Mon Pardon, Je te pardonnerai, ô fils d’Adam, si tu reviens vers Moi avec des péchés du poids de la terre, et que tu ne M’associes rien, certes Je te donnerai autant de pardon. »

    Ce dernier concept a fait parvenir Saydouna Yoûnous à un rang plus élevé que celui qu’il avait auprès d’Allah avant son erreur, grâce à son repentir et à son regret.

     

    [i] TSC: Traduction des Sens du Coran. Cette traduction est celle du sens courant le plus connu jusqu’à présent de la sourate sus-mentionnée. Lire la TSC ne remplace nullement sa lecture en arabe, la langue de révélation du saint Coran.

     


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  • L’histoire de Job – Première partie

    Que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient sur vous, que la prière et le salut soient sur Le Messager, Louange à Allah, nous recourons à Lui et nous Lui demandons de nous guider, nous pardonner, et nous préserver de nos mauvaises actions. Celui à qui Allah montre le bon chemin est guidé et celui qui s'égare n'a ni maître ni conseiller.

    Le concept de patience 

    Je reprends certains enseignements de l’histoire du prophète Yoûnous (Jonas) que nous avons vue dans l’épisode précédent (Yoûnous et la patience durant l’appel vers Allah), puis j’entamerai l’histoire du prophète Ayoub (Job) et la patience durant l’épreuve, puisque le sujet d’aujourd’hui est la patience de manière générale.

    Voici donc un bref résumé du parcours du prophète Yoûnous : Yoûnous  est le fils de Matta (Amittaï), d’autres appellations lui sont données au Coran : Ḏū’n-Nūn et l’homme au poisson. Allah (Exalté soit-Il) l’a envoyé à un village appelé Ninouat (Ninive), d’après le Hadith du Prophète (BP sur lui), lorsqu’il rencontra un garçon appelé Addas et lui dit « de quel pays es-tu Addas ? », il répondit « de Ninouat », Le Prophète dit alors : « du pays de l’homme vertueux Yoûnous fils de Matta », Addas dit : « Et d’où est-ce que tu connais Yoûnous fils de Matta ? », Le Prophète répondit : « C’est mon frère, il était prophète et je suis prophète ».

    Ninouat était un village riche habité par plus de cent mille habitants, ces derniers adoraient des idoles, ils étaient rebelles et débauchés. Allah a chargé Yoûnous de les appeler à Lui, cet appel est sous-entendu, puisque quiconque a été guidé par Allah vers le droit chemin est responsable de l’appel des gens qui l’entourent. Le musulman ne se contente pas de prier et de jeûner, car Allah nous demandera, le Jour du Jugement Dernier, pourquoi n’avons-nous pas appelé à Lui à l’endroit où Il nous a affectés.

    Yoûnous appela les gens du village, ils refusèrent de répondre à son appel, Allah (Gloire à Lui) lui a révélé de les prévenir que Son châtiment allait s’abattre sur eux dans les trois jours qui suivaient et lui a ordonné de rester avec eux. Yoûnous leur transmit le message mais ils s’obstinèrent dans leur refus. Alors il se mit en colère, et décida de quitter le village même si Allah ne le lui avait pas ordonné.

    Et là, je tiens à adresser à chacun ce verset –ce qui peut être traduit comme : « Vous êtes la meilleure communauté, qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah …» (TSC[i], ‘Âl-‘Imrân ‘La Famille d’Imran’ : 110). Remarquez le classement, la croyance en Allah est venue après la recommandation du convenable et l’interdiction du blâmable. Et ce, pour que l’on ne pense pas que tant que la foi n’est pas à son comble, on ne peut pas ordonner le convenable, et interdire le blâmable. Au contraire, on est appelé à ordonner le convenable et interdire le blâmable tout en parachevant sa croyance, et donc il faut qu’il y ait un parallélisme entre les deux actions, l’une n’allant pas sans l’autre, parce qu’en recommandant à son ami de baisser son regard par exemple, on se sentira gêné de ne pas faire de même, et forcément on se soumettra à cette recommandation.

    Je suis conscient que certains diront que c’est illicite, car le verset dit  –ce qui peut être traduit comme : « Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous-mêmes de le faire… » (TSC, Al-Baqara ‘La Vache’ : 44), je réponds qu’on peut ordonner le bien tout en ne le faisant pas, mais à condition, tout en faisant cet appel, d’avoir l’intention de s’y soumettre soi-même, et la démarche se transforme en moyen de s’auto-corriger. L’appel vers Allah doit être l’axe principal dans la vie de chaque musulman.

    « Et Dū’n-Nūn (Jonas) quand il partit, irrité. Il pensa que Nous N’allions pas l’éprouver… » (TSC, Al-‘Anbiyâ’ ‘Les Prophètes’ : 87). Et « éprouver » ici signifie que Saydouna Yoûnous pensait qu’Allah n’allait pas le blâmer alors qu’il était pieux et les villageois étaient impies. Et là j’avertis les musulmans de ne jamais insulter un pervers par sa perversion.

    Dans le hadith rapporté par At-Tirmithy, Le Prophète que (BP sur lui) dit : « Celui qui insulte son frère par son péché, risque de le voir abandonner son péché, et de le faire lui-même », sauf si l’intention est de guider l’autre vers la bonne voie, sinon, si l’intention est de se moquer, il est impératif de ne pas faire de reproches.

    Une brume noire s’empara du village, les gens la virent et dirent : « voilà ce que nous a promis Yoûnous, voilà ce qui est arrivé au peuple de Lot et de Saleh. » C’est pour cette raison que Le Prophète (BP sur lui), se rappelant cet épisode à chaque fois qu’il voyait des changements de climat, disait « Ô Allah épargne-nous » et il invoquait Le Seigneur.

    Nous pensons qu’Allah nous épargnera, mais nous devons craindre la colère du Tout Puissant à chaque fois que surviennent pareils changements. 

    Puis les villageois commencèrent à se repentir et à attester qu’il n’y a de Dieu que Lui, la brume se dissipa et tout le village retrouva sa quiétude. Mais Yoûnous irrité, était déjà parti. Allah dit –ce qui peut être traduit comme : « Quand il s’enfuit vers le bateau comble, Il prit part au tirage au sort qui le désigna pour être jeté [à la mer]. Le poisson l’avala alors qu’il était blâmable » (TSC, As-Sâffât ‘Les Rangés’ : 140-142). Alors ils larguèrent les charges du bateau, Yoûnous se dit qu’il devait y avoir un sujet qui s’était enfuit de la face d’Allah Le Transcendant Le Glorieux, et contre lequel Il était en colère, et il ne sut pas que c’était de lui qu’il s’agissait. On peut donc pécher sans s’en rendre compte, notamment en  délaissant l’appel vers Allah Le Transcendant Le Glorieux.

    Et voyez comme le poisson, un des sujets d’Allah – alors que nous Lui désobéissons – a rejeté Yoûnous dans les ténèbres, le hadith dit : « Allah lui fit entendre les créatures en train de glorifier Allah, elles lui ont inspiré de Le glorifier ».

    Il en arriva de même à Saydouna Adam, lorsqu’il mangea de l’arbre, il ne connaissait pas le repentir, le verset dit –ce qui peut être traduit comme : « Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Allah agréa son repentir car c’est Lui certes, le Repentant, le Miséricordieux. » (TSC, Al-Baqara ‘La Vache’ : 37). Dieu lui a insufflé de dire tel et tel mot pour qu’Il lui pardonne et il en fut ainsi.  

    Lorsque Allah t’éprouve, Il te fait don de la solution parce qu’Il t’aime mais parfois tu ne la vois pas. Car Allah ne t’éprouve qu’en accompagnant l’épreuve d’une miséricorde, mais Satan t’empêche de voir cette miséricorde et tu ne vois que l’épreuve et percevoir la miséricorde est conditionné par une relation antérieure solide avec Allah.

    « …Puis il fit, dans les ténèbres, l’appel que voici: «Pas de divinité à part Toi! Pureté à Toi! J’ai été vraiment du nombre des injustes». Nous l’exauçâmes et le sauvâmes de son angoisse. Et c’est ainsi que Nous sauvons les croyants. » (TSC, Al-‘Anbiyâ’ ‘Les Prophètes’ : 87-88). Si ce n’est la reconnaissance de son injustice, Allah Le Transcendant Le Glorieux ne l’aurait pas sauvé. Dès qu’on fait cette invocation, la réponse nous parvient, elle nous protège de l’angoisse, à tel point que les oulémas ont affirmé que c’est Le Majestueux Nom d’Allah par lequel Il répond, je vous la recommande donc vivement. 

    Nous ne venons pas ici pour prendre des tranquillisants parce que nous avons des problèmes, mais pour construire une génération proche d’Allah.

    Je vous redonne la recette une autre fois : réveille-toi vingt minutes avant l’aube pour prier deux Rak’at, tout en tenant Le Saint Coran, lis ce que tu as l’habitude de lire quotidiennement (le wird), arrête-toi cinq minutes avant l’aube, assieds-toi pour dire les invocations du matin puis fais la prière de l’aube et rendors-toi. Ceci est susceptible d’affermir ta journée et te dispensera de toute autre pratique cultuelle à part la prière en groupe et la prière en son temps, applique ceci afin de vivre un revirement ne serait-ce que de 10%.

    La peau de Saydouna Yoûnous commença à tomber alors qu’il continuait à faire des invocations, Allah donna Son ordre au poisson, Il dit –ce qui peut être traduit comme : « Nous le jetâmes sur la terre nue, indisposé qu’il était. Et Nous fîmes pousser au-dessus de lui un plant de courge » (TSC, As-Sâffât ‘Les Rangés’ : 146-147), et là nous percevons l’amour d’Allah pour Yoûnous, du fait qu’Il lui fit pousser un plant de courge sachant que les branches de celui-ci sont grandes, qu’il empêche les insectes de s’emparer de ce qui se trouve en dessous, et qu’on peut s’en nourrir cru.

    Saydouna Yoûnous était entrain de guérir mais ne le savait pas. Lorsque l’arbre devint sec, il pleura, et Allah Le Transcendant Le Glorieux lui révéla : « Tu pleures parce que l’arbre a séché et tu ne pleures pas de l’égarement de cent mille personnes ou plus ? »

    Que diras-tu si Allah te fait ce reproche le Jour du Jugement Dernier ?

    Puis Saydouna Yoûnous revint vers les cent mille personnes et ils devinrent tous musulmans. Ce fut l’histoire de Saydouna Yoûnous dont l’enseignement est : Ne désespère pas de ton appel à Allah !

    Il nous reste certains éléments sur lesquels nous aimerions méditer : voyons la différence entre Saydouna Moussa (Le Prophète Moïse) et Saydouna Yoûnous. 

    Combien de fois Moussa a-t-il commis des erreurs ? Plusieurs : Il a jeté les tablettes écrites par les mains d’Allah lorsqu’il apprit que son peuple avait adoré le veau et elles se cassèrent, il prit violemment la main et le menton d’un prophète bien qu’il soit son frère « …Ô fils de ma mère, ne me prends ni par la barbe ni par la tête… » (TSC, Tâ-Hâ : 94), il tua un homme dans un moment de colère malgré que c’était par erreur, et avec tout cela, Allah l’aime, l’honore et lui consacre un rang qui n’a été atteint par personne auparavant, Il en fait Son interlocuteur et lui dit –ce qui peut être traduit comme : « …Ô Moïse, Je t’ai préféré à tous les hommes, par Mes messages et par Ma parole... » (TSC, Al-‘A’râf : 144), Yoûnous, cependant, n’a désobéi Allah qu’une seule fois, mais Il ne le lui pardonna pas comme à Moussa et Il l’emprisonna dans le ventre du poisson.

    Pourquoi donc ? Allah préférerait-Il une personne à une autre ? Allah est supérieur à cela, Notre Seigneur est juste, mais si tu disposes d’un long solde de bonnes œuvres, et que tu commets six ou sept erreurs, le solde peut effacer les mauvaises actions. Car Saydouna Moussa s’est opposé à pharaon seul, et il a affronté le désert seul, ses erreurs en sont devenues comme un point noir dans une page blanche, alors que Saydouna Yoûnous n’avait pas autant de bonnes actions qu’en avait Saydouna Moussa. Mais encore, Saydouna Yoûnous ne serait pas sorti du ventre du poisson si ce n’est une bonne œuvre faite au préalable, Allah dit –ce qui peut être traduit comme : « S’il n’avait pas été parmi ceux qui glorifient Allah, il serait demeuré dans son ventre jusqu’au jour où l’on sera ressuscité. » (TSC, As-Sâffât ‘Les Rangés’ :  143-144).

    Pharaon, quant à lui, n’avait aucune bonne œuvre antérieure, ainsi lorsqu’il se noyait, il dit –ce qui peut être traduit comme : «…Je crois qu’il n’y a d’autre divinité que Celui en qui ont cru les enfants d’Israël. Et je suis du nombre des soumis» (TSC, Yoûnous ‘Jonas’ : 90). Allah lui dit alors –ce qui peut être traduit comme : « …Maintenant? Alors qu’auparavant tu as désobéi et que tu as été du nombre des corrupteurs! » (TSC, Yoûnous ‘Jonas’ : 91).

    Et là toute l’importance d’avoir un capital de bonnes œuvres, même en n’ayant commis qu’une seule erreur - et il est possible qu’on en ait commis plusieurs - mais on disposerait de grandes réalisations, et celui qui connaît Allah durant le bonheur, Allah le connaît durant le malheur (si le malheur intervient). Nul ne connaît le moment où survient la tentation. Donc dès que tu as du temps, multiplie tes pratiques religieuses et constitue un solde auprès d’Allah.

    A l’image des trois hommes qui sortirent de la grotte après que la sortie de cette dernière se fut fermée derrière eux, pourquoi sont-ils donc sortis ? Ils sont sortis parce que chacun d’entre eux s’est rappelé une bonne action qu’il avait faite du temps de son dévouement.

    Le Prophète (BP sur lui) dit : « Un croyant ne se rassasie pas en bien jusqu’à ce que son aboutissement soit le Paradis. ». Retire donc des leçons à partir de l’expérience de Saydouna Yoûnous, appréhende le sort de Pharaon et réjouis-toi de l’expérience de Saydouna Moussa.

    La question qui se pose maintenant est : Le rang de Saydouna Yoûnous s’est-il altéré suite à son erreur ? Et celui qui commet un péché puis se repent, retrouve-il le rang qu’il occupait auparavant ? Les oulémas ont des avis différents à ce propos, le groupe ayant soutenu qu’il retrouve son ancien rang soumet pour argument le fait que le repentir est l’une des meilleures bonnes actions auprès d’Allah Le Tout Puissant, qu’Il n’est satisfait de rien autant que du repentir, et que ce dernier élève l’individu à un rang propre au retour. Le second groupe s’opposant à cet argument soutient qu’à titre d’exemple, lorsque deux personnes marchent côte à côte, et que l’une d’elles s’arrête, même en rattrapant l’autre, elle ne peut récupérer le temps perdu.

    Mais cette divergence est tranchée par le degré du repentir, car il y a parmi vous celui qui commet le péché mais ne revient pas au rang qu’il avait auparavant parce que son repentir est faible, et celui qui a un repentir tellement fort qu’il en retrouve son ancien rang, et enfin celui dont la culpabilité est telle que son repentir devance son péché.  

    Ainsi trouverons-nous un repentant dépassant le rang d’un homme ayant obéi durant des années. N’est-ce pas une religion magnifique ? Par la force d’un repentir sincère, tu atteins un rang élevé chez Allah, et en arabe, le terme qui accompagne le repentir dans le coran (Sourate At-Tahrim ‘l’Interdiction’ : 8) renvoie au terme « conseil », car il est supposé tellement fort qu’il est assimilé aux conseils prodigués par un être humain. Plus ce repentir est fort, plus il t’empêchera même de commettre le péché.

    Parmi les raisons pour lesquelles Allah fait que Ses sujets commettent des péchés, on trouve Son intention de leur faire goûter les délices de la croyance. Même les prophètes ont commis des erreurs et non des péchés, parce qu’Allah les en a préservés, c’est un classement des priorités, comme pour le cas de Saydouna Yoûnous. Il était parti appeler d’autres gens à Allah en délaissant les premiers. Pourquoi donc Allah ne les en a donc pas préservés ? C’est en vue de leur faire goûter cette belle estimation, car le culte du repentir est favorablement apprécié par Allah Le Tout Puissant, et parce qu’il s’accompagne d’une soumission et d’une humilité dans le cœur. Rappelons l’invocation dite «maître de la demande du pardon » parce qu’elle comporte un élément de soumission : « Je reviens vers Toi par le bienfait dont Tu m’as doté, je reviens vers Toi par le péché que j’ai commis, pardonne-moi donc, car nul ne pardonne les péchés à part Toi ».

    Si nous ne péchions pas, que ferions-nous donc du Nom d’Allah At-Tawwab (Celui qui ne cesse d'accueillir le repentir sincère de Ses adorateurs et qui leur accorde Son Pardon). Le Prophète (BP sur lui) dit : « Que nul ne dise : « Je suis mieux que Yoûnous le fils de Matta » parce qu’il s’est lui-même devancé avant le repentir ». 

    Saydouna Daoud (David) a une fois demandé à Allah : « Où Te trouverai-je ? » Allah Le Tout Puissant a répondu : « Chez ceux dont les cœurs sont soumis à Moi ».

    On dit qu’un adorateur tournait autour de la Ka’ba en disant : « Ô Allah préserve-moi pour que jamais je ne Te désobéisse ». Il s’assit et dormit, et là il rêva que quelqu’un l’appelait par son prénom et lui disait : « Tu demandes à être préservé, et tous Mes sujets croyants demandent à être préservés, et si Je vous préserve, qui donc ferai-Je profiter de Ma miséricorde et Mon indulgence alors que Je suis Le Repentant, Le Miséricordieux ? ».

    Il est dit par ailleurs qu’Adam, lorsqu’il mangea de l’arbre, se mit à pleurer même après son repentir, alors Allah Le Tout Puissant lui dit –ce qui peut être traduit comme : « Ô Adam, Je t’ai éprouvé par le péché parce que J’aime à te montrer Ma Générosité, Ma Miséricorde, Ma Clémence et Ma Largesse, Ô Adam, tu entrais comme le font les rois chez les rois, et maintenant après le péché tu entres comme un esclave chez les rois, et ceci Nous est préférable, Ô Adam ne t’effraie pas à mon ordre d’en sortir (du paradis) car je l’ai créé pour toi, mais descends sur terre et fournis l’effort de M’aimer, jusqu’à ce que Je te manque, et là viens vers Moi, Je te ferai entrer au paradis. Ô Adam, un péché par lequel tu Nous invoques Nous est préférable à une obéissance ostentatoire. Ô Adam, le gémissement des pécheurs Nous est préférable aux louanges de ceux qui se font voir. Ô Adam, si Je te préserve contre les péchés et préserve tes fils, qui donc ferai-Je profiter de Ma Largesse, Ma Miséricorde et Mon Indulgence alors que Je suis Le Repentant, Le Miséricordieux. Ô fils d’Adam, si tu Me pries et Me supplies, Je te pardonne tout ce que tu portes comme péchés, et Je n’y prête pas attention ô fils d’Adam, même s’ils atteignent les nuages du ciel, puis si tu Me demandes Mon Pardon, Je te pardonnerai, ô fils d’Adam, si tu reviens vers Moi avec des péchés du poids de la terre, et que tu ne M’associes rien, certes Je te donnerai autant de pardon. »

    Ce dernier concept a fait parvenir Saydouna Yoûnous à un rang plus élevé que celui qu’il avait auprès d’Allah avant son erreur, grâce à son repentir et à son regret.

     

    [i] TSC: Traduction des Sens du Coran. Cette traduction est celle du sens courant le plus connu jusqu’à présent de la sourate sus-mentionnée. Lire la TSC ne remplace nullement sa lecture en arabe, la langue de révélation du saint Coran.

     


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